Très souvent, il m’arrive d’être interpellé par des facilitateurs en Codev, et notamment dans la communauté Codeveloppement Academy, qui me demandent « comment mieux « revendiquer » sa valeur (et celle du Codev) face à des animatrices.teurs qui ne sont pas sérieusement formés et/ou qui ont « appris » la méthode dans un livre ».
Cette question est évidemment très importante, non seulement pour les animateurs qui ont fait l’effort de se former sérieusement mais aussi pour le devenir même du Codéveloppement au travers de la qualité des séances proposées aux participants.
Bien que perçu comme une méthode simple, le codéveloppement requiert une formation sérieuse de l’animateur pour en maximiser les bénéfices. En effet, la simplicité apparente de cette approche peut parfois induire en erreur, car sa mise en œuvre efficace demande une compréhension approfondie.
Le premier intérêt d’une formation adéquate réside dans la maîtrise des compétences fondamentales liées au codéveloppement. Comprendre les étapes clés en profondeur, créer un environnement propice à l’échange et à l’apprentissage (l’espace Codev) sont des éléments cruciaux souvent sous-estimés. Au-delà, le codéveloppement révèle sa complexité de facilitation, dès lors qu’on se penche sérieusement sur sa mise en pratique. Pour garantir le succès de cette approche, en plus du « savoir », il y a lieu d’intégrer finement cette posture très particulière de l’animateur de Codev : celle de « coach d’un groupe qui coache un client ». Une formation sérieuse, permet de maîtriser les subtilités de cette posture, de savoir quand intervenir à bon escient, quand observer, quand modéliser ou encore de comprendre comment stimuler la réflexion collective.
De même, l’animateur est confronté à la délicate tâche de rendre chaque séance réflexive et apprenante pour l’ensemble du groupe (et pas que pour le client) et c’est là, assurément une des complexités du Codev. Il ne s’agit pas simplement de « partager des expériences » ou de « résoudre des problèmes » comme je l’entends parfois, mais, grâce au facilitateur, de les explorer ensemble avec profondeur, et de guider les participants dans une introspection constructive autour d’intention d’apprentissages.
Cette complexité subtile de la méthode masquée dans une apparente facilité demande bien plus qu’une connaissance superficielle . Les facilitateurs doivent être prêts à naviguer dans les dynamiques de groupe, à comprendre les besoins individuels et à ajuster leur approche en temps réel. C’est un équilibre délicat entre structure et flexibilité, entre guidage et autonomie.
Evidement, comme dans d’autres domaines, nous sommes confrontés à des « autodidactes » de la méthode et d’autant plus du fait de cette simplicité d’affichage.
Valoriser sa formation et sa compétence passe en premier lieu et selon moi, par la prise en compte et l’intériorisation des éléments décrits ci-avant.
Il faut évidemment être parfaitement conscient que le Codev ce n’est pas 6 étapes, un client et des consultants. Enfin, pas seulement ! Le Codev, c’est un espace de collaboration, c’est de la réflexivité et de l’apprentissage pour tous les participants du groupe bien au-delà du client, c’est une posture très spécifique de l’animateur, différente de celle d’un animateur de réunion, d’un coach ou même d’un facilitateur classique en intelligence collective. C’est aussi le fait d’être centré sur le client et aussi sur les consultants, de les mettre en sécurité, de savoir contractualiser à tout instants, avec chacun et avec le groupe.
Valoriser sa compétence passe indéniablement par cette capacité à la comprendre, à la décrire voire à la revendiquer.
A longueur d’année je lis des posts ou des articles sur le Codev. J’échange aussi très régulièrement avec des facilitateurs sur la méthode et/ou sur sa commercialisation. Et j’avoue être assez stupéfait de la façon donc ces animateurs, pourtant formés, en parlent. La très grande majorité quand ils évoquent le Codev en entretien ou dans un pitch, ou quand ils rédigent un article ou un post sur les réseaux ou sur leur site, ne parle quasiment que du B à Ba de la méthode : les étapes, les rôles et parfois d’un ou deux avantages très classiques qu’on peut lire dans tous les livres. Il est très rare de lire ou d’entendre autre chose. Rarissime d’entendre parler d’espace Codev, tout autant de réflexivité, encore plus rare d’entendre parler des intentions d’apprentissage. Les discours sont très généralement basés et construits autour des caractéristiques (les fonctionnalités d’un point de vue technique) et quasiment jamais autour des avantages, des bénéfices ou de la subtilité de la méthode.
Ce faisant, en communiquant de la sorte, tant à l’oral qu’à l’écrit on « se place au niveau » des animateurs non formés. Rien de plus, aucune différence avec leur discours.
Le lecteur ou l’auditeur, le commanditaire, ne perçoit donc aucune différence, aucune plus-value, avec un animateur qui s’est contenté de lire un livre ou qui a bénéficié de 3 heures de sensibilisation pendant sa formation de coach. Pour peu qu’il ait lui-même lu un livre ou un article, cette impression est encore amplifiée. Et donc, si c’est la même chose, pourquoi ne pas croire le premier ? Ou encore pourquoi payer plus cher au prétexte que le second est « formé » ?
Pour ma part, je suis persuadé que la façon de communiquer, de parler et de présenter le codev est déterminante. Elle l’est autant pour les enjeux des facilitateurs formés que pour le devenir même du codéveloppement en termes de qualité.
La formation à la facilitation du codéveloppement est indispensable pour aborder les subtilités et la profondeur de la méthode. Pour se différentier, il est important de communiquer sur ces thèmes et de présenter la valeur du codev plutôt que la méthode, les bénéfices et les avantages pour votre client (identifié ou non) plutôt que les caractéristiques trop facilement accessibles. Ainsi vous montrerez en quoi le codéveloppement animé par vous est une différence qui fera LA différence. C’est en montrant le cœur de cette incroyablement méthode que vous sortirez de la grisaille des présentations classiques.
Gilles